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Manipulation sur LCP, la chaîne parlementaire
Les antinucléaires, un état dans l’état.
jeudi 10 janvier 2013, par
La Chaîne parlementaire LCP a diffusé à plusieurs reprise dans son émission doc ad hoc, le documentaire Fukushima, une population sacrifiée , qui est une véritable manipulation de l’opinion. Les auteurs sont biens connus et n’en sont pas à leur coup d’essai. Il s’agit d’une part, d’Eric Gueret qui avait réalisé le reportage de Laure Nouhalat que nous avions analysé, et d’autre part nous retrouvons David Zavaglia, dont nous avions dénoncé la supercherie à France 5.
Une méthode éprouvée
Leur méthode est toujours la même : présenter les lieux, les plus radioactifs et faire croire qu’ils sont dangereux. Au début du reportage, commence dans une école de Fukushima City la CRIIRAD mesure le rayonnement gamma issu du sol : on se dirige vers une zone où le césium s’est accumulé. La radioactivité décroît lorsqu’on lève le compteur Geiger, les dépôts ne sont donc pas répartis urniformément sur toute la surface : au contact 6000 chocs, à un mètre, on mesure 3000 chocs. « C’est monstrueux, moi j’enlève mes enfants de cette école, im-mé-dia-te-ment » déclare Christian Courbon.
Décryptage
Pour retrouver la signification de cette mesure, il faudrait connaître les caractéristique du capteur. Heureusement la CRIIRAD a déjà étalonné son Novelec DG5 sur un terrain uranifère [1] : 3000 coups par seconde à 0.5 mètre du sol correspond à une dose absorbée de 2.5 microsieverts par heure. Dans le cas d’uranium dispersé dans le sol, le rayonnement gamma perçu est principalement dû aux raies principales du plomb et du bismuth 214 (195, 352, 609,1120 et 1764 keV) comparables en énergie à celle du césium 137 à 661 keV [2] . Quelle est donc la dose reçue dans cette école ? Même si nous considérons que les chocs gamma du césium 137 sont un peu plus énergétiques en moyenne, que ceux issus du terrain uranifère de référence, le rayonnement gamma dans cette école ne peut excéder 6 microsieverts par heure, c’est à dire l’exposition que l’on subit lors d’un voyage en avion. Tout au plus les élèves de cette école subiront quelques millisieverts supplémentaires dans l’année, comme les élèves de Clermont-Ferrand par rapport à leurs homologues parisiens. Hors de la zone évacuée, les journalistes n’arriveront pas à présenter de dose supérieure aussi bien en contamination interne, qu’au pied d’un toboggan ou près des rebus de décontamination.
Le bluff de la contamination
Wataru Iwata est le musicien formé par la CRIIRAD qui s’occupe de mesure de radioactivité au CRMS, une famille vient de se faire mesurer les émissions de rayonnement gamma issu du corps de chacun d’eux. Le commentaire du réalisateur est de la pure propagande : « Le résultat ne laisse planer aucun doute sur le danger que court les habitants de Fukushima » suivi par l’interprétation de l’habitante de Fukushima : « Mon Dieu, c’est terrible ». Or, le résultat de la mesure visible sur un téléviseur était le suivant :
potassium 40 : 1800 coups,
césium 134 : 700 coups,
césium 137 : 700 coups
Le potassium 40 est un radionucléide naturel, alors que les césiums proviennent de la centrale. Or les deux isotopes du césium émettent principalement des raies gamma à 796 et 662 keV, alors que les photons gamma du potassium 40 ont une énergie de 1500 keV. La contamination ne peut donc provoquer une augmentation de dose supérieure à celle de la radioactivité naturelle du potassium 40. Celle ci est estimée à 0,18 millisievert par an. L’influence du césium est donc ridiculement faible.
Un manque d’objectivité continu
Il faudra peut-être abandonner quelques maisons dans la zone évacuée, s’interdire de pécher ou de cultiver quelques temps, d’ailleurs, plus par méfiance des consommateurs que par un danger réel. Des désagréments très relatifs par rapport aux dégâts du tsunami ou à ceux qu’aurait provoqué une marrée noire. Ce qui n’empêche pas les commentaires sur le même ton outrancier.
La présentatrice de l’émission complice
Face à de telles accusations, on aurait apprécié un certain recul des responsables de l’émission. Ils commettent, au contraire, une faute professionnelle grave : non seulement la présentatrice de l’émission, Brigitte Boucher, n’a pas su reconnaître les erreurs scientifiques de ce documentaire ; mais en plus, elle va en répéter plusieurs, comme « Il faudra trente ans pour espérer diviser par deux les niveaux de radioactivité ». Dans le cas d’une contamination radioactive de ce type, la diminution de la radioactivité provient majoritairement des phénomènes de transport et non de la décroissance radioactive : les ions césium et strontium sont entrainés par les eaux, soit vers la mer, soit dans la profondeur du sol où ils deviennent moins disponibles pour la végétation. L’IRSN l’a clairement mis en évidence en 2006, pour des dépôts qui ont suivis l’accident de Tchernobyl
.

Conclusion
Le fait qu’un second documentaire mensonger de David Zavaglia puisse passer sur une chaîne publique démontre la collusion d’une partie des journalistes de télévision avec les activistes antinucléaires. Prétendre en plus, sur une chaîne parlementaire que le gouvernement japonais « semble être prêt à sacrifier la santé de ses citoyens et de ses propres enfants » est non seulement une insulte à la Science mais aussi un affront à un pays ami, qui devrait avoir des conséquences diplomatiques.
Voir en ligne : Le documentaire sans l’introduction
L’introduction par la journaliste de LCP :
http://www.youtube.com/watch?v=g6WT07Xqomc
[1] annexe au rapport CRIIRAD numéro 07-68 T2 Mine d’uranium de Saint-Pierre du 7 juin 2007