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Le spectre de la désertification

samedi 16 avril 2011, par PH

Devant l’impact sanitaire très faible de l’accident de Fukushima, la critique de des filières nucléaires, s’est repliée sur la perte de territoire. Des gens qui ne se sont jamais posé de question sur les centaines de km2 dégradés pendant des années par l’exploitation de la lignite, sont venus nous prédire une désertification de la région de Fukushima autour de la centrale pour des millénaires.

Ci-dessus une photographie de la mine de lignite de Tagebau en Allemagne avec la centrale fossile en arrière plan. La mine s’étend sur plus de 40 km2

Ainsi les journalistes n’ayant pas un irradié à mettre devant la caméra, on est venu nous expliquer à la télévision, l’air grave et inquiet, que ce qui était le plus important dans un accident nucléaire, était « la perte de surface agricole ». Certes, nous avons encore l’exemple de l’accident de Tchernobyl pour lequel des parties de la zone d’exclusion sont encore très radioactives ; mais à Tchernobyl, l’enceinte du réacteur avait été ouverte et dix fois plus de radioactivité s’était échappée.

Début avril, on a pu avoir un aperçu des dépôts de substances radioactives par voie aérienne. Ceci est assez facile : une partie du césium 137 se désintègre avec émission d’un rayonnement gamma, qui peut être capté par une caméra sur hélicoptère. On sait faire cela depuis une trentaine d’année.

Cette carte donne une idée de l’irradiation externe qu’un habitant recevrait pendant la première année. Qu’observons-nous ? Il existe certes une bande d’une dizaine de kilomètres de large dans laquelle, l’irradiation monte la première année à 30 mSv. Il s’agit d’une quantité sans effet sur la santé, mais qui est au-dessus des seuils réglementaires. Les autorités déplaceront peut-être quelques dizaines de milliers d’habitants. Ceux-ci pourront tout de même encore accéder à leur habitations. Il n’y aura pas le traumatisme qu’ont subi les populations de Prypiat évacuées d’urgence le 27 avril 1986.

Cela dure-t-il dure longtemps ?

La plupart des produit de fission disparaissent la première année, en particulier l’iode 131 qui a une demi-vie de huit jours. Il reste ensuite principalement le césium 137 et le strontium 90, ces deux éléments ont une demi-vie de l’ordre de la trentaine d’année, mais ils sont solubles dans l’eau et sont entraînés en profondeur, ils deviennent moins disponibles pour la végétation. L’IRSN a estimé que le césium 137 déposé en France disparaissait 5 fois plus vite que sa décroissance radioactive. Compte-tenu des dépôts modérées, les zones les plus touchées seront de nouveau habitables en quelques années. En est-il de même des mines de lignite ? prenons le cas de celle de Santa maria de Arino en Espagne encore une quarantaine de km2 dans un pays dont on cite la production éolienne ... lorsque le vent souffle :

Les rejets en mer

Enfin, on s’inquiétera pour l’Océan pacifique : l’eau est ce qui protège le mieux des radiations, c’est pourquoi on compte aujourd’hui installer des petits réacteurs sous-marins pour éviter le gros œuvre des centrales. L’Océan pacifique a connu une centaine d’essais nucléaires atmosphériques et les retombées n’ont pas eu d’effets sur la faune et la flore. On ferait mieux de s’inquiéter de l’accumulation de plastique dans cette zone.

Conclusion [1]

On voit bien que même dans le cas d’un accident majeur sur un réacteur ancien qui a subi à un cataclysme exceptionnel, les conséquences sanitaires et environnementales sont très relatives.


[1et point de vue tenu depuis le 11 mars

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