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Polémique engagée par Benoît Thévard et François Lempérière contre Jean-Marc Jancovici : Jean-Marc Jancovici a raison !
samedi 18 juin 2016, par
Suite à la parution de son livre Dormez tranquilles jusqu’en 2100, Jean-Marc Jancovici a subi les critiques de François Lempérière et de Benoît Thévard.
Jean-Marc Jancovici dans un calcul d’ordre de grandeur estime la puissance de stockage nécessaire pour un parc éolien, à 120 GW François Lempérière et de Benoît Thévard rétorquent qu’une puissance de stockage de 30 à 36 GW est suffisante.
Observons la puissance électrique produite pendant deux mois de 2014 et extrapolons la, à une production éolienne photovoltaïque suffisante. Il y avait de l’ordre de 800 parcs éoliens en France, l’éolien est donc suffisamment réparti sur le territoire ; quant au photovoltaïque, il est principalement installé au sud, où les passages nuageux sont moins fréquents. Dans un scénario réel, il faudrait installer du photovoltaïque plus au nord et des parcs éoliens en mer, ces derniers concentrent la puissance et donc exacerbent les variations de production électrique. L’extrapolation est donc particulièrement favorable à Thévard et Lempérière

Pour 23 TWh annuels, les pics de productions dépassent 8 GW. Or pour sortir du fossile, il faudrait augmenter ces productions jusqu’à 700 TWh, les pics seraient donc de 240 GW. On conçoit que 120 GW soit une valeur conservative. Si on suppose qu’il faille seulement remplacer la production électrique actuelle, on divise par 2 et les pics feraient encore 120 GW. La puissance de stockage serait inférieure, mais ce calcul n’a aucun sens puisqu’on n’aura pas assez d’électricité pour électrifier les transports.
Fançois Lempérière reproche alors à Jean-Marc Jancovici de ne pas avoir avoir estimé la surface de stockage à partir de celle des stations de pompage actuelles (STEP). Or François Lempérière a publié en 2010, des projets de 8 à 20 GW de stations de pompage sur les côtes [1]. On se demande bien pourquoi , il faut construire des STEP sur les côtes, si on peut en construire ailleurs. La capacité de stockage était de 220 GWh sur 22 km2
Les simulations de productions électriques montrent qu’il faut approximativement 100 heures de stockage pour un parc éolien national, comme la puissance photovoltaïque est faible en hiver, on peut conserver cette estimation. Il suffit de constater que les écarts entre les productions durent quelques jours. À la puissance installée pour équilibrer un parc éolien, pour 120 GW, il faudrait donc 12 000 GWh soit 1200 km2 , Jean-Marc Jancovici a donné grossièrement 5000 km2 et François Lempérière a rétorqué 150 km2. Le bon ordre de grandeur est encore celui de Jean-Marc Jancovici.
Si Jean-Marc Jancovici a un peu exagéré. Compte-tenu de la puissance éolienne à installer en mer et de la quantité d’électricité à produire, son ordre de grandeur est bon. Alors que Benoît Thévard et François Lempérière ont minimisé l’effort de stockage d’un facteur 100.
Suite à cette polémique, le rédacteur de énergie-crise.fr a proposé à Benoît Thévard de débattre dans n’importe quelle école des Mines, dans la mesure de leurs disponibilités.
[1] Stockage d’énergie électrique dans le nord de la France (Lacs Emeraude), François Lempérière, avril 2010
Messages
1. Polémique engagée par Benoît Thévard et François Lempérière contre Jean-Marc Jancovici : Jean-Marc Jancovici a raison !, 1er août 2016, 10:51, par Thurias
Bonjour ; juste besoin d’un peu d’éclaircissements sur quelques points ; merci d’avance :
1) Les 23 TWH dont vous parlez sont, je pense, l’électricité produite annuellement en France par les deux moyens : Photovoltaïque et Eolien. (pour une puissance de 14,3 GW d’après EDF pour 2014) ; quand vous tablez sur 700 TWH (dans un premier temps) ou 350 dans un deuxième temps, quelle proportion appliquez-vous entre les deux sources Photovoltaïque Eolien, la même qu’actuellement ?
2) Avec le parc qui, en puissance, serait suffisant pour satisfaire les besoins d’électricité en France, pourriez-vous préciser (plutôt qu’en nombre d’heures) la quantité d’électricité de réserve sous forme de STEP nécessaire pour couvrir la période la plus longue (ou peut-être dans 95 ou 99 % des cas, si l’on devait concéder d’utiliser dans des cas extrêmes). En effet, si l’on table sur 100 heures de fonctionnement normal, le besoin en réserve est au moins 4 fois plus faible que si c’est 100 heures de fonctionnement à plein régime. Ce serait mieux de connaître le besoin maxi en TWH.
3) à propos des STEP et de leurs surfaces : quelle est la profondeur d’un réservoir de STEP et quelle est la hauteur de chute entre les deux bassins (dans une configuration géographique réaliste).
1. Polémique engagée par Benoît Thévard et François Lempérière contre Jean-Marc Jancovici : Jean-Marc Jancovici a raison !, 4 août 2016, 01:25, par PH
Cher Monsieur,
1) Les 23 TWh se décomposent en 16,9 TWh éoliens et 5,8 TWh photovoltaïques, les mêmes proportions sont appliquées, car elles sont proches des proportions optimales.
2) Il est illusoire de penser que l’on importerait suffisamment d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques pour satisfaire une partie conséquentes des besoins en électricité de la France compte-tenu de leur empreinte sur le territoire. C’est donc un chiffre théorique : il faut 15 à 30 TWh de stockage suivant les années pour 400 TWh de production, par exemple Wagner donne 33 TWh en Allemagne pour 500 TWh.
3) Pour les détails des STEP, il faut se référer aux écrits de Lempérière. Le niveau d’eau dans les steps varie d’environ 30 m, la hauteur de chute est de l’ordre de 100 m. Les faibles hauteur de chute nécessiteraient de grosses turbines, à coût rédhibitoire.